arequipa_en aquellos tiempos


1906 08 23 

… Entrez avec nous dans la gare d’Arequipa...

Paul REYNIER

Auparavant, nous avons traversé le pont de Tingo Grande,  long de 300 mètres et construit en fer. Un arrêt brusque et c’est le premier dans les faubourgs d’Arequipa, aux maisons bâties en terre pilée, genre de pisé, mais ce n’est pas encore la "vraie" arrivée, nous repartons… pour arriver à la gare d’Arequipa à 17 heures, ayant franchi en 6 heures, 172 kms, en montant de 1m 85 au dessus de la mer à 2501 mètres. Je ne crois pas qu’il y ait en France beaucoup de chemin de fer, semblable à celui-ci mais, ce qu’il y a de certain, c’est qu’il en existe un, dans ce continent : celui de Lima à Aroro qui monte à plus de 5000 mètres et qui, pour cela, emprunte 60 tunnels, sans compter les ponts et les  viaducs. On s’extasie en Europe sur les chemins de fer Suisses de la Jungfrau et du Righi mais ce sont des "amusements", en comparaison de ceux de la Cordillère !, qui sont de véritables défis lancés par l’homme à la nature mais, méconnus, car si loin de l’Europe (tout cela ne sont que des considérations personnelles).

 

Bien ! Entrez avec nous dans la gare d’Arequipa et voyons la suite. A la sortie de la gare, se trouvent les garçons des hôtels. Nous nous décidons pour l’hôtel Central Europa, dont le gérant a l’amabilité de louer un tramway, qu’il met gracieusement à la disposition des voyageurs. Ne croyez pas qu’il s’agit de quelques tramways luxueux genre Cours Berriat - La Tronche ! Non, le Ferro-Caril urbano (chemin de fer urbain), tel est le nom officiel, est le "frère" du tramway Farçat, mais un "frère" qui, en traversant les mers, a pris quelque chose de plus : les rails, non pour éviter les chocs, mais, au fond, c’est une idée excellente, car, s’il fallait rouler sur les cailloux ronds des rues, ce serait à vous dégoûter à tout jamais de rouler dans "une voiture". Nous prenons place dans le Ferro-Caril réservé et, au trot de deux petites mules, nous partons "à fond de train"….. Ces bonnes bêtes connaissent leur affaire, car, même dans les tournants où les pavés sont dangereux, elles ne ralentissent pas leur allure. Aussi nous ne mettons guère de temps pour parcourir la distance assez grande qui sépare la Gare de l’Hôtel (à peu près la distance de la Gare de Grenoble à l’Ile Verte). En chemin, nous remarquons quelques églises : l’une, construite par les Jésuites en 1629, est toute sculptée.

 

Nous traversons la Place d’Armes, entourée de portiques couverts sous lesquels s’ouvrent des magasins. Sur cette Place, se trouve la Cathédrale. Encore quelques petites rues et nous arrivons à la Calle Mercedes ou Rue Commerciale et nous sommes à l’hôtel.

 

Nous prenons possession de notre chambre, très grande, avec deux lits, canapé, fauteuil, chaises confortables. Deux grands balcons : l’un donnant sur la rue, l’autre sur la montagne qui entoure la ville, et la lumière électrique. En un mot, une chambre très confortable.

 

Nous soupons et allons prendre un repos bien mérité après ce voyage fatiguant, nous réservant de faire plus ample connaissance d’Arequipa le lendemain. Arequipa, la ville aux cinq volcans, toujours sous la menace du réveil de l’un d’eux, qui anéantirait, comme en 1868 une grande partie de la ville et où, dans le quartier où nous nous trouvons, il ne resta qu’une maison debout.

 

La ville n’est pas très sûre, aussi n’est-ce pas sans une certaine appréhension que l’on se couche, ne sachant pas si on se réveillera le lendemain. Mais on se fait à cette idée et l’on devient fataliste jusqu’à ce qu’une nouvelle secousse vienne réveiller les craintes.

 

Cependant, nous dormons bien mais, le matin au réveil nous avons la bouche et le nez aussi secs que si on les avait mis au soleil…. C’est un désagrément du pays. On a, sur tout le corps une chaleur sèche qui vous fatigue. Les cheveux et la barbe sont secs, secs et sont douloureux quand on les touche un peu trop fort.

 

Songez qu’ici il pleut à peine 15 jours par an  et encore "dans les mauvaises années" ; c’est ce qui rend le climat difficile pour nous autres Européens. Mais, si les journées sont chaudes, les nuits sont fraiches, si fraiches que, bien qu’habitués à dormir les fenêtres ouvertes, nous avons dû les fermer. A part ces quelques inconvénients, la ville n’est pas mal, très commerçante, car c’est le point de départ pour toute l’importation et l’exportation, aussi y a-t’il environ 8 à 10 trains de marchandises pour Mollendo et 4/5 pour Puno.

 

A part les églises, la ville n’a rien de particulièrement intéressant à visiter et, encore, en fait d’église, seule la cathédrale, toute récente, est "particulière" (les autres églises sont très vieilles et laides). La cathédrale a la particularité d’avoir deux clochers ; ceux-ci sont bâtis dans le sens de la longueur : un, sur le chœur, l’autre au bout de la grande nef. Les portes d’entrée se trouvent sur le coté. L’obligation de construire sur la place et de boucher l’édifice d’un coté, a conduit les architectes à adopter ce mode de construction à chaque extrémité et formant une immense galerie.

 

A l’intérieur, il y a une chaire très belle (don d’une personne pieuse), entièrement sculptée. Le travail a été fait à Paris et a couté la "modique" somme de cinquante mille francs ! Il y a aussi une statue de St-Pierre, habillée comme l’est le Pape de nos jours et portant des gants marrons ?... les autres statues sont également richement habillées, de velours, satin ; c’est le souvenir de l’Espagne.

 

Ayant une lettre de recommandation pour la Maison BRAILLARD & C°, nous y sommes allés. Il faut voir avec quelle amabilité nous fûmes reçus.

 

Le Gérant, consul d’Autriche, se mit à notre disposition pour tout ce dont nous aurions besoin. Les employés également furent très complaisants. L’un d’eux arrivait justement de Riberalta et était un grand ami du Père de Frieda. Il nous donna de bonnes nouvelles de tous. Il doit repartir, dans deux mois, pour le Beni.

 

Le gérant nous présenta au Club Allemand du "Palitroque" ou jeu de quilles, lieu de rendez-vous de pas mal d’allemands d’Arequipa et autres nationalités. J’appris donc ce jeu de quilles qui se compose de quelques quilles placées à l’extrémité d’un court. Celui-ci se compose d’une planche longue d’environ 10 à 12 mètres et surélevé au dessus du sol. De chaque coté il y a une "rigole" (petite tranchée). Il s’agit de lancer une grosse boule tout au long de la planche et de faire tomber le plus grand nombre de quilles. Naturellement, il ne faut dévier ni à gauche, ni à droite, sinon le coup est nul ; il ne faut pas croire que ce jeu est facile car il se joue avec de grosse boules, la plus petite est environ trois fois plus grosse que nos boules ordinaires. Les Allemands manient cela avec une dextérité remarquable (ces boules se lancent d’une seule main). Les premières que je jouais, je n’arrivais pas à faire quelque chose de bon, mais, peu à peu, je fis des progrès ! mais le soir, aïe, aïe, je fus obligé de manger de la main gauche, mon bras droit étant fatigué…. La seconde fois, je pus figurer dans un des deux camps qui se forment, car il y a deux courts. Je fus présenté au Club International, rendez-vous du "tout Arequipa", rien que des gibus, des redingotes..

 

J’allais rendre visite aux Pères Lazaristes, pour lesquels j’avais une commission. Ils me reçurent très bien et vinrent nous rendre visite à l’hôtel, et, également, nous dire adieu, à la gare, le jour de notre départ.

 

Je ne vous reparlerai pas en détails du tremblement de terre que nous avons subi et qui, avouons-le, nous fît une peur sérieuse, car il était assez fort. Maintenant, à distance, cela fait rire mais, sur le moment, nous n’en menions pas large, comme, du reste l’ensemble de la population. Heureusement, que maintenant nous sommes loin de ce pays de volcans et c’est avec soulagement que nous avons mis le pied dans le train pour Puno.

 

Notre séjour à Arequipa, bien qu’assez long, ne fût pas spécialement intéressant, à part ce que je vous ai signalé ; aussi c’est avec un certain plaisir que nous avons vu arriver le jour de notre départ.

 

Mais, avant, nous avons assisté à la procession de Santa-Rosa de Lima, la patronne des Indiens, la grande Sainte de l’Amérique du Sud, surtout du Pérou.

 

Ce jour là, tous les corps constitués assistent à la messe. Le Président de la République lui-même est tenu d’y assister, en vertu d’une loi d’Arequipa. La musique du régiment de ligne va chercher toutes les autorités qui se rendent à l’église, pour entendre un grand sermon sur la Sainte. L’après-midi a lieu une grande procession à travers la ville ; toutes les congrégations y assistent, derrière une grande statue de la Sainte, portée exclusivement par des Indiens en costume du pays et qui se relaient à tour de rôle. Les femmes sont en grande toilette, une grande jupe sur une longue traîne ; sur la tête, un châle noir fixé et retombant sur les épaules, de manière à envelopper tout le haut du corps. Ce jour là, personne ne travaille au Pérou. (Les Péruviens travailleraient volontiers le dimanche, mais ce n’est pas la coutume de leurs employeurs). La fête de Santa-Rosa est très importante pour les Péruviens, plus encore que la fête de l’Indépendance de leur pays. Mais tout cela ne pouvait nous retenir à Arequipa, et le vendredi à 7 heures du matin, nous prenions le train pour La Paz, via Puno et Guyaqui.

 

Après avoir fait nos adieux aux employés de la Maison Braillard & C°, dont le gérant avait bien voulu se déranger, pour nous souhaiter bon voyage, nous quittons Arequipa.

 

Après être passés à Llura, station thermale, rendez-vous de toute la "Société" d’Arequipa, nous reprenons notre chemin à travers les montagnes. Toujours le même spectacle, de la terre brûlée, des cailloux, de ci, de là, quelques cactus géants et c’est tout. La ligne est moins intéressante que celle de Mollendo ; nous montons plus haut mais cela se fait graduellement, tandis que de Mollendo c’est plus abrupt. Ici, il est vrai, on est entouré de très hautes montagnes, dont beaucoup sont couvertes de neige, mais le spectacle arrive à être monotone. Quand nous sommes passés au point le plus haut, 4470 m. je sommeillais et Frieda me réveilla pour voir le paysage : nous apercevions la ligne que nous venions d’emprunter, loin, très loin et, devant, la descente que nous allions faire. Le train ne s’arrêta pourtant pas et ce point est marqué par une maisonnette, portant le nom : Crucero Alto : 14666 pieds (4470m.).

  

Ce n’est qu’à Lagunillas, 100 mètres plus bas, mais 9 kms. en longueur, qu’il y eut un arrêt. De là, il nous fut donné d’admirer les immenses troupeaux de lamas qui sillonnent ces hautes régions ; ce sont, du reste, à peu près, les seuls animaux vivant à cette hauteur, où il ne pousse que quelques herbes rabougries. Il faut voir ces belles bêtes levant fièrement la tête au passage du train ; elles sont bien campées sur leurs hautes jambes mais ce que l’on remarque surtout, quand on passe à coté d’elles, c’est l’air dédaigneux qu’elles vous manifestent ! Elles lèvent haut la tête et vous regardent en face, comme pour vous narguer, sans bouger la tête, tournent sur place pour vous suivre du regard, tant qu’elles vous voient. Ces lamas sont là par centaines, en un immense troupeau en liberté. On en capture chaque année et il arrivera un moment, malheureusement, où ils disparaitront, si l’on n’y met obstacle, car ce sont des bêtes qui servent aussi au transport de marchandises ; elles portent presque la même chose que les mulets et ont l’avantage d’être moins capricieuses. Leur laine, très recherchée, fournit les vêtements des habitants : de la tête aux pieds. C’est la grande industrie du pays. Toutes les femmes filent et tricotent cette laine en marchant. C’est curieux de les voir, ayant toujours un énorme paquet sur les épaules et, dans les mains elles ont, d’un coté, un paquet de laine non filée et, de l’autre, un bâton (quenouille) qu’elles font tourner rapidement entre leurs doigts. Elles tirent la laine en un fil aussi mince que possible, puis l’entoure autour du bâton. Quand celui-ci est plein, elles empilent la laine, la tricotent et confectionnent, en particulier, des bonnets que portent tous les habitants, depuis les enfants jusqu’aux vieillards.

Elles en font, également, des mitaines, des bas, des ponchos. C’est un travail très bien fait et d’une solidité garantie.

 

Nous avons acheté, pour Jeannette, un de ces bonnets qui a la particularité d’avoir un morceau de chaque côté, pour couvrir les oreilles (le froid est vif) et un également derrière, protégeant le cou. Notre fille, ainsi coiffée, ressemble à une petite indienne…

 

Après Lagunillas, le train longe, pendant une bonne heure, deux grands lacs superbes aux eaux bleues. On se croirait, sur la ligne de Genève, autour du lac du Bourget. A un certain moment, nous sommes entre deux lacs, avec un point de vue superbe.

 

Après quelques arrêts sans importance, le train s’arrête à JULIACA, situé sur la ligne CUZCO-PUNO, pour un temps très bref et repartons bientôt au milieu de la nuit. Le wagon est éclairé par deux bougies !, espérons qu’elles tiendront le temps d’arriver à PUNO.

 

9 septembre 1906 : Nous n’avons pu mettre cette lettre à LA PAZ, le temps m’ayant manqué pour la finir. Nous voici à SORATA, au pied de la montagne du même nom. Pour y parvenir nous avons eu une terrible journée de mulet. La lettre suivante vous donnera des détails.

 

Nous repartons, le 16, pour NAPIRI (5 à 6 jours de mulet) et ensuite, le BENI à RIBERALTA ! ! nous allons très bien et sommes remis de nos fatigues de jeudi sur les mulets. Ici, M. GUNTHER nous a très bien reçus.

 

Lundi prochain partira la lettre qui vous racontera notre voyage jusqu’à SORATA. Le bonjour à tout le monde : famille et amis de Frieda, Jeannette et Paul. Ci inclus, vous trouverez la carte de notre voyage depuis MOLLENDO jusqu’au BENI. Certes, elle n’est pas très bien faite mais elle vous donnera une idée du chemin que nous avons fait.

... 

 

Lettre de MAMAN de septembre 1906 :

 

Mes chers Parents et sœurs,

 

Petite Jeanne va bien,… à part des piqures de puces qui la font souffrir.

 

Notre voyage en mulet à été terrible, parce que l’indien qui devait porter la petite n’était pas venu et je l’ai prise avec moi, ce qui me fatiguait beaucoup, montant pour la première fois à dos de mulet. La petite était très contente.

 

Seulement, pour les descentes dangereuses (Paul vous en décrira la profondeur), j’ai marché avec la petite dans mes bras. Paul m’a bien aidée, de même que le jeune homme qui nous conduisait. La descente a duré quatre heures…

 

Les excursions de Blanche sont des promenades, en comparaison de ce que nous avons fait et que nous allons faire. Pourtant, pour les cinq jours de mulet que nous devons encore faire, Monsieur GUNTHER a engagé un indien de confiance qui porte petite Jeanne bien commodément et ainsi Jeannette arriva à l’hôtel, toute souriante malgré ce long voyage, et elle riait aux éclats lorsqu’on lui parlait.

 

Moi, j’étais à moitié morte, terriblement fatiguée, aussi je n’écris pas plus.

 

Votre Frieda qui vous aime bien.

 


2021 02 07

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 … Entren con nosotros a la estación de Arequipa...

 

 

Antes, atravesamos el puente de Tingo Grande, de un largo de 300 metros y construido en fierro. Una brusca parada y es la primera en los barrios de Arequipa, con casas construidas en tierra molida, especie de adobe, pero no se trata aún de la "verdadera" llegada, partimos nuevamente… para llegar a la estación de Arequipa a las 17 horas, tras haber atravesado en 6 horas, 172 kms, subiendo de 1m 85 encima del nivel del mar a 2501 metros. No creo que existan en Francia muchas líneas férreas semejantes a ésta, pero lo cierto, es que existe uno, en este continente: el que va de Lima a Aroro y que sube a más de 5000 metros y que, para esto, toma 60 túneles, sin contar los puentes y los viaductos. Uno se maravilla en Europa sobre los ferrocarriles Suizos de la Jungfrau y del Righi, pero ésos son una "distracción" en comparación con éstos de la Cordillera!, que son verdaderos desafíos lanzados por el hombre a la naturaleza pero, desconocidos, por estar tan lejos de Europa (estas son solo consideraciones personales).

 

Bueno! entren con nosotros a la estación de Arequipa y veamos lo que sigue. A la salida de la estación se encuentran los mozos de los hoteles. Nos decidimos por el hotel Central Europa, cuyo gerente tiene la gentileza de arrendar un tramway que pone gratuitamente a disposición de los viajeros. No vayan a creer que se trata de esos tramways lujosos estilo Cours Berriat - La Tronche! No, el Ferro-Carril urbano (línea férrea urbana), tal es el nombre oficial, es el "hermano" del tramway Farçat, pero un hermano que, atravesando mares, ha tomado algo más: los rieles, no para evitar los choques, sino, en el fondo, es una idea excelente, pues si hubiera que circular sobre las piedras redondas de las calles se le quitaría a uno para siempre las ganas de viajar en "un coche". Nos instalamos en el Ferro-Carril reservado y, al trote de dos pequeñas mulas, partimos "a todo correr". Estas pobres bestias saben lo que hacen, porque, incluso en los virajes donde el pavimento es peligroso, no disminuyen la velocidad. Así es como no demoramos nada en recorrer la distancia que separa la Estación del Hotel (más o menos la distancia de la Estación de Grenoble hasta la Ile Verte). Por el camino divisamos algunas iglesias: una, construida por los Jesuitas en 1629, está entera esculpida.

 

Atravesamos la Plaza de Armas, rodeada de pórticos cubiertos bajo los cuales se hallan las tiendas. Sobre esta plaza se encuentra la Catedral. Algunas callecitas mas y llegamos a la Calle Mercedes, o Calle Comercial, y ya estamos en el hotel.

 

Nos instalamos en nuestra habitación, muy grande, con dos camas, canapé, sillón, sillas confortables. Dos grandes balcones: uno que da a la calle, el otro a la montaña que rodea la ciudad, y luz eléctrica. En una palabra, una habitación muy confortable.

 

Cenamos y nos vamos a descansar bien merecidamente después de este viaje cansador, reservándonos para conocer mejor Arequipa al día siguiente. Arequipa, la ciudad de los cinco volcanes, siempre bajo la amenaza del despertar de uno de ellos, que destruiría, como en 1868 una gran parte de la ciudad y donde, en el barrio donde nos encontramos, quedó solamente una casa en pie.

 

La ciudad no es muy segura, es así como nos vamos a acostar con algo de aprensión, sin saber si nos despertaremos al día siguiente. Nos hacemos a esta idea y llegamos a ser fatalistas hasta que una nueva sacudida venga a despertar nuestros temores.

 

Sin embargo dormimos bien pero en la mañana al despertar tenemos  la boca y la nariz tan secas como si las hubiéramos expuesto al sol… Es uno de los desagrados del país. 

  

Sentîmos en todo el cuerpo un calor seco que da fatiga. Cabellos y barba son secos, secos y adoloridos cuando los tocamos un poco fuerte.

 

Tengan en cuenta que aquí llueve apenas 15 días por año, "en los años malos"; es lo que hace que el clima sea difícil de soportar para nosotros los Europeos. Pero, si los días son calurosos, las noches son frescas, tan frescas que aún cuando estemos acostumbrados a dormir con las ventanas abiertas, debimos cerrarlas. Aparte de estos inconvenientes, la ciudad no nos parece mal, muy comerciante, pues es el punto de partida para todo lo que es importación y exportación; por lo tanto hay cerca de 8 a 10 trenes de mercaderías hacia Mollendo y 4 a 5 para Puno.

 

Aparte de las iglesias, la ciudad no tiene nada particularmente interesante que visitar, y, entre las iglesias, solo la catedral, muy reciente, es "particular" (las otras iglesias son viejas y feas). La catedral tiene la particularidad  de tener dos campanarios; éstos construidos hacia lo largo: uno, sobre el coro, el otro al extremo de la gran nave. Las puertas de entrada se encuentran sobre el costado. La obligación de construir sobre la plaza y de cerrar el edificio por un costado condujo a los arquitectos a adoptar este modo de construcción en cada extremo y formando una inmensa galería.

 

En el interior, hay un púlpito muy hermoso (donación de un piadoso feligrés) completamente esculpido. El trabajo fue realizado en Paris y costó la "módica" suma de cincuenta mil francos Existe también una estatua de San Pedro, vestida como el Papa hoy en día y que lleva guantes de color marrón?... las demás estatuas están también ricamente vestidas, con terciopelo, satín; es el recuerdo de España.

 

Teniendo una carta de recomendación para la Casa BRAILLARD & C°, fuimos allí. Era notable la gentileza con la que fuimos recibidos.

 

El Gerente, consul de Austria, se puso a nuestra disposición para cualquier cosa que necesitáramos. Los empleados igualmente fueron con nosotros muy amables. Uno de ellos llegaba precisamente de Riberalta y era un gran amigo del Padre de Frieda. Nos dió buenas noticias de todos. Debe volver al Beni de aquí a dos meses.

 

El gerente nos presentó al Club Alemán de Palitroque, lugar de encuentro de muchos alemanes de Arequipa y otras nacionalidades. Aprendí por lo tanto este juego de palitroques que se compone de algunos palitroques colocados al extremo de una plataforma. Esta se compone de una tabla larga de unos 10 a 12 metros ubicada más arriba del suelo. A cada lado hay una zanja. Se trata de lanzar una gran bola a lo largo de la plancha y hacer caer el mayor número de palitroques. Naturalmente, no hay que desviarse ni a la izquierda, ni a la derecha, sino el tiro es nulo; no hay que creer que es un juego fácil porque se juega con bolas grandes, la más pequeña es casi tres veces más grande que nuestras bolas corrientes. Los Alemanes son muy diestros en este juego (estas bolas se lanzan de una sola mano). Las primeras veces que jugué, no lograba hacer algo bueno, pero poco a poco hice progresos! pero por la tarde, ay, ay, me vi obligado a comer con la mano izquierda; mi brazo derecho estaba cansado… La segunda vez, pude figurar en uno de los dos equipos que se forman, pues hay dos canchas. Fui presentado al Club Internacional, lugar de encuentro del "todo Arequipa", todos de sombreros altos y de levita..

 

Fui a visitar a los Padres Lazaristas, para quienes llevaba un recado. Me recibieron muy bien, y luego vinieron todos a visitarnos al hotel y también a despedirnos a la estación el día de nuestra partida.

 

No volveré a hablarles en detalle del terremoto que nos tocó, que, les confieso, nos dió un miedo terrible, por lo fuerte. Ahora, a la distancia, me da risa, pero en el momento, no las teníamos todas con nosotros, como, por lo demás, el resto de la gente. Felizmente que ahora estamos lejos de este país de volcanes, y es con gran alivio que ponemos el pie en el tren para Puno.

 

Nuestra estadía en Arequipa, aunque larga, no fue especialmente interesante, aparte de lo que ya he señalado; así que fue con un cierto agrado que vimos llegar el día de nuestra partida.Pero, antes, asistimos a la procesión de Santa-Rosa de Lima, la patrona de los Indios, la gran Santa de America del Sur, sobre todo de Perú.

 

Ese día todas las corporaciones asisten a misa. El Presidente de la República debe asistir, en virtud de una ley de Arequipa. La música del regimiento de línea va a buscar a todas las autoridades que van a la iglesia para escuchar un gran sermón sobre la Santa. Por la tarde hay una gran procesión por toda la ciudad; todas las congregaciones asisten a ella, detrás de una gran estatua de la Santa, llevada exclusivamente por Indios en traje local y que se reemplazan por turno. Las mujeres van muy bien vestidas, con falda grande y larga cola; sobre la cabeza un chal negro fijo y que recae sobre los hombros, de manera que envuelve toda la parte superior del cuerpo. Este día, nadie trabaja en Perú. (Los Peruanos trabajarían con gusto el domingo, pero no es la costumbre de sus empleadores). La fiesta de Santa Rosa es muy importante para los Peruanos, más aún que la fiesta de la Independencia del país. Pero todo esto no podía retenernos en Arequipa y el viernes a las 7 de la mañana, tomábamos el tren para La Paz, vía Puno y Guyaqui.

 

Después de haber dicho adiós a los empleados de la Casa Braillard & C°, cuyo gerente se había desplazado para desearnos buen viaje, partimos de Arequipa.

 

Después de haber pasado por Llura, estación termal, lugar de encuentro de toda la "Sociedad" de Arequipa, volvimos a seguir nuestro camino a través de las montañas. Siempre el mismo espectáculo, tierra quemada, piedras, por aquí, por allá, algunos cactus gigantes y eso es todo. La línea es menos interesante que la de Mollendo, subimos más alto pero ésto se hace gradualmente, mientras que de Mollendo es más abrupto. Aquí, en verdad, estamos rodeados de montañas muy altas, muchas de ellas cubiertas de nieve, pero el espectáculo termina por ser monótono. Cuando pasamos por el punto más alto, 4470 m. yo dormitaba y Frieda me despertó para ver el paisaje: divisábamos la línea que acabamos de tomar, lejos, muy lejos y, por delante, la bajada que íbamos a hacer. El tren sin embargo no se detuvo y este punto esta indicado por una casita que lleva el nombre: Crucero Alto: 14666 pies (4470 m.).

 

Es solamente en Lagunillas, 100 metros más abajo, pero 9 kms. a lo largo, que hubo una parada. Desde allí pudimos admirar los enormes rebaños de lamas que atraviesan estas altas regiones; estos son, por lo demás, casi los únicos animales que viven a esta altura, donde crecen solamente algunas plantas muy raquíticas. Vale la pena ver a estos animales levantando orgullosamente la cabeza al paso del tren; acampan sobre sus patas largas, pero lo que más llama la atención cuando pasamos al lado de ellas, es el aire de desprecio que manifiestan! Levantan muy alto la cabeza y lo miran a uno de frente, como para provocarlo, sin mover la cabeza, giran sobre si mismas para seguirnos con la mirada mientras nos ven. Estas lamas están allí por cientos, en un inmenso rebaño en libertad. Cada año se capturan unas, y llegará un momento en que, desgraciadamente, desaparecerán, si no se les impide, pues son bestias que sirven también para el transporte de mercaderías; cargan casi lo mismo que las mulas y tienen la ventaja de ser menos caprichosas. Su lana, muy buscada, provee la vestimenta de los habitantes: de los pies a la cabeza. Constituye la gran industria del país. Todas las mujeres hilan y tejen esta lana mientras caminan. Es curioso verlas siempre con un enorme paquete sobre los hombros y, en las manos tienen, por un lado, un paquete de lana sin hilar y por el otro lado un palo (una rueca) que hacen girar rápidamente entre los dedos. Estiran la lana como un hilo lo más delgado posible y luego lo envuelven en el palo. Cuando éste está lleno, amontonan la lana, la tejen y confeccionan, especialmente, gorros que todo el mundo lleva, desde los niños hasta los viejos. 

 

Confeccionan igualmente, guantes, calcetines, ponchos. Hacen un trabajo muy bueno, de calidad garantizada.

 

Compramos, para Jeannette, uno de estos gorros que presenta la particularidad de tener un pedazo de cada lado, para cubrir las orejas (el frío es vivo) y un pedazo también por detrás, para proteger el cuello. Nuestra hija, así tocada, se parece a una indiecita…

  

Después de Lagunillas, el tren bordea, durante una buena, hora dos grandes y hermosos lagos de aguas azules. Uno se creería sobre la línea de Genève, alrededor del lago del Bourget. Por un momento, nos encontramos entre dos lagos, con un panorama magnífico.

  

Después de algunas paradas sin importancia, el tren se detiene en JULIACA, situada en la línea CUZCO-PUNO, por un corto momento y partimos muy pronto en medio de la noche. El vagón esta iluminado por dos velas!, es de esperar que éstas durarán hasta PUNO.

 

9 de septiembre 1906: No pudimos poner esta carta en LA PAZ, porque me faltó el tiempo de terminarla. Estamos ahora en SORATA, al pie de la montaña del mismo nombre. Para llegar hasta allí tuvimos un terrible día de mula. En la carta siguiente daremos detalles.

 

Volvimos a partir, el 16, para NAPIRA (5 a 6 días de mula) y enseguida, el BENI hasta RIBERALTA!! Estamos muy bien y recuperados de nuestras fatigas del jueves sobre las mulas. Aquí, el Sr. GUNTHER nos recibió muy bien.

 

El lunes próximo partirá la carta que les contará de nuestro viaje hasta SORATA. Saludos a todos: familia y amigos de Frieda, Jeannette y Paul. Va incluso el mapa de nuestro viaje desde MOLLENDO hasta el BENI. Claro que no esta muy bien dibujado, pero les dará una idea del camino que hemos recorrido.

 

 

Carta de MAMA de septiembre 1906:

 

Queridos Padres y hermanas,

 

La pequeña Jeanne está bien,… aparte de las picaduras de pulgas que la hacen sufrir.

 

Nuestro viaje en mula fue terrible, porque el indio que debía cargar a la pequeña no vino y la llevé conmigo, lo que me cansaba mucho, montando una mula por primera vez. La pequeña estaba muy contenta.

 

Solamente, en las bajadas peligrosas (Paul les describirá la profundidad de éstas), caminé con la pequeña en brazos. Paul me ayudó bastante, igual que el joven que nos conducía. La bajada duró cuatro horas…

 

Las excursiones de Blanche son paseos en comparación de lo que hicimos y que vamos a hacer. Para los cinco días a lomo de mula que tenemos todavía que hacer el Señor GUNTHER contrató a un indio de confianza que carga a la pequeña Jeanne bien cómodamente, y así Jeannette llegó al hotel, muy sonriente a pesar del largo viaje y se reia con ganas cuando le hablaban.

 

Yo, estaba medio muerta, terriblemente cansada, así es que no escribo más.

 

Vuestra Frieda que les quiere siempre.




el lugar

genealogía

en aquellos tiempos

actualmente

 

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castilla (marquesado)

 

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