molllendo_en aquellos tiempos


1906 08 21

… nous étions en vue de Mollendo...

Paul REYNIER

 

 

Le 21 aout 1906, nous étions en vue de Mollendo à 8h.30, mais nous n’y sommes arrivés qu’à 10 heures, ne sachant même pas si nous pourrions débarquer. Nous primes le parti d’aller manger.

 

Comme toujours la mer était très mauvaise et chacun pensait que nous ne pourrions mettre pied à terre ! Le port de Mollendo est réputé pour être des plus mauvais et des plus dangereux du Pacifique, surtout en hiver, comme c’était le cas. Il arrive souvent qu’un jour sur trois, on ne puisse rien débarquer. Il y a à l’entrée du port une quinzaine de Lanches (grands bateaux larges et plats, chargés de riz et de sucre et qui attendaient notre arrivée depuis plus de huit jours). Un voilier était là depuis plus de deux semaines dans l’attente d’un vent favorable pour pouvoir jeter l’ancre sans risquer de se briser sur les rochers (Mollendo est construit sur des rochers).

 

Pour arriver jusqu’à la jetée, il n’y a qu’un chenal entre deux rochers, espacés de 20 mètres environ qu’il faut franchir d’un seul élan, si on ne veut pas casser quelque chose ! En dehors de ces difficultés naturelles, il y en avait une plus grande encore : cette mer affreuse que nous avons depuis tant de jours, qui fait danser ces petites barques comme des jouets d’enfant et qui vous montent à 4 ou 5 mètres de haut, pour redescendre dans un trou. Je vous assure que cela n’était pas rose. Ah ! ce débarquement… Frieda et moi en garderons un souvenir angoissant et terrible !

 

Après le repas, grâce à l’amabilité d’un Français allant à Arequipa, nous arrêtons un "fletero", genre de commissionnaire pour la terre et la mer. Pour un sol (2Frs.50) par personne et par colis, il consentit à nous transporter à terre. Jusqu’ici tout était bien, mais le plus difficile était de prendre place dans la barque.

 

29 AOUT 1906 : Je suis obligé d’interrompre ma lettre ; nous venons d’avoir une bonne secousse, rien de grave mais les portes et vitres tremblaient comme des feuilles. Frieda s’est réveillée en sursaut ; la secousse a duré une bonne minute ; cela allait en s’amplifiant. Maintenant c’est calme, mais tout de même il est temps de quitter ce pays ! Les chiens aboyaient, les gens se précipitaient dans les rues. Notre voisin est descendu comme un fou dans la cour. (A La Paz, où nous allons, il n’y a jamais eu de tremblement de terre.)

  

Oui, il est difficile de descendre dans la barque ; cependant, il fallait le faire à tout prix, malgré les difficultés que cela représentait. Nous prîmes notre courage à deux mains et les paquets "dans les autres"…

 

Je commençai à descendre la passerelle mais il me fallu attendre quelques instants pour pouvoir sauter dans le tonneau. J’y arrivais non sans peine, de même que Frieda qui était près de moi. Elle avait confié Jeannette à un marin, car c’eut été trop dangereux de descendre avec la petite. On n’avait pas assez de ses deux mains pour se cramponner à la rampe. Le moment très inquiétant fût lorsque le matelot qui tenait Jeanne, la passa à celui qui était dans la barque. Il arrive une vague qui éloigne la barque et Jeanne reste suspendue, heureusement dans les bras du matelot. Tout le monde pousse un cri de frayeur, car la petite était tombée et la voilà à la mer ! La barque se rapproche et, cette fois-ci, Jeanne embarqua sans difficulté. La pauvre chérie comprenait-elle le danger ? elle ne bougeait plus, ne pleurait pas, pendant qu’elle "était en l’air". Elle cria lorsqu’elle fût dans les bras de Frieda mais cela dura peu de temps, se consola rapidement et fît des risettes à tous.

 

Un dernier adieu à ceux que nous laissons sur le bateau et en route pour Mollendo. Après être montés et descendus sur les vagues, nous franchissons le passage difficile entre les rochers et arrivons enfin vers la jetée.

 

Là, une autre difficulté nous attendait : pas d’escaliers, pas de tonneau mais une simple chaise "attachée à une corde" ! Une personne prend place sur la chaise et tous ceux qui peuvent s’attacher à la chaise ou à la corde le font et en route. Ici ce fût Frieda qui s’assied avec Jeanne dans ses bras. Je pris place devant elles, les pieds sur le barreau de la chaise en me cramponnant à la corde. Cinq passagers prirent encore place sur les cotés.

 

Un coup de sifflet et nous voilà transportés entre ciel et mer. La montée s’arrête ; la corde descend et nous sommes enfin sur le quai sains et saufs, mais les jambes trempées par une vague, dernier cadeau de la mer, avant que nous la quittions.

 

Notre voyage par mer était fini et c’était temps car nous trouvions un peu long de ne voir que de l’eau, encore de l’eau.

 

Après avoir débarqué et passé à la douane, nous eûmes la chance d’avoir à faire avec un douanier sympathique, qui se contenta de faire ouvrir les valises, sans rien déballer.

 

Nous sommes allés à l’hôtel de Ferro-Carril, pour nous nettoyer un peu ( ! ) et nous reposer. Ensuite, à la banque pour chercher de l’argent qui commençait à se faire rare dans le porte-monnaie.

 

Après un bon souper, nous allâmes nous coucher mais la nuit ne fût pas très bonne : nous avions encore l’impression d’être ballotés sur le bateau, d’autant plus que nous entendions la mer se briser sur les rochers, bruit semblable à un ouragan dans les arbres.

 

Et puis, il y avait quelque chose de plus désagréable : des puces ! ah ! les sales bêtes ; et encore, nous dit-on, nous avions la chance que ce soit l’hiver car l’été c’est pire. Frieda et moi étions dévorés et Jeannette ne put presque pas fermer l’œil de la nuit et le lendemain elle était couverte d’ampoules.

 

Nous pensions partir rapidement mais mon fusil était retenu par la douane ; nous fûmes obligés de courir d’un consulat à l’autre, jusqu’à ce que, grâce au gérant de la Maison Française BRAILLARD & C° d’Arequipa, Monsieur le Commandant de bord voulu bien expédier ce fusil à Arequipa.

 

Nous n’avons pu partir que le surlendemain et en avons profité pour visiter la ville mais il n’y a rien de très intéressant : les rues sont en "montagnes russes", la ville est bâtie sur des rochers.

 

Après une nuit à peu près aussi "bonne" que la précédente, nous prenons le train à 9 h. pour Arequipa.

 

Le train, pendant une trentaine de kms, suit le bord de la mer, au milieu de terrains complètement déserts, parsemés seulement d’ossements blanchis (mulets, moutons qu’on laisse aux oiseaux le soin de "nettoyer").

 

Ensuite, la voie tourne et l’on commence à monter dans des lieux désertiques, ce qui, du reste, sera ainsi tout le long.

 

Nous ne verrons de la verdure que dans les vallées de Tambo et d’Arequipa.

 

Je terminerai ma lettre là-bas où j’aurai l’esprit plus reposé ; ici nous avons eu à peine une minute à nous et cette lettre a été écrite un peu chaque jour.

 

Nous partons demain pour La Paz à 7 h. du matin. D’Arequipa à Puno : 12 h. ; de Puno à Guyaqui : 15 h. sur le lac Titicaca ; de Guyaqui à La Paz : 5 h. ; nous devrions être dans cette ville samedi.

 

LA PAZ le 2/9/1906 : Grand Hôtel Guibert. C’est de la capitale de la Bolivie que vous parviendront ces lignes.

 

Ma dernière lettre était datée d’AREQUIPA, d’où nous sommes partis le Vendredi 31/8/, à 7 heures du matin, pour arriver à La Paz le 2/9, après un voyage, presque sans arrêt, de 34 h. 30 !

 

J’avais interrompu mon courrier au départ de Mollendo le jeudi 23/8, à 8 h. du matin.

 

Je vous ai raconté que la ligne suit le bord de mer pendant environ 30 kms, dans une contrée désertique. Avant d’arriver à Méchia, on voit les plans (essais) d’un Jardin Botanique, qui, malheureusement, n’a donné aucun résultat appréciable, à cause de la sécheresse et du mauvais temps.

 

Après Hansenada, la machine se met à souffler, car il s’agit de gravir, d’une seule étape, une rampe de 300 m. environ sur une distance de 9 kms, presque 3 mètres par mètre, aussi la machine crache une fumée noire qui oblige à fermer les fenêtres, ce qui est bien car cela évite les moustiques qui se posent sur les vitres. Cependant, certains attaquent quand même le conducteur du train sur la plate-forme, ce qui l’oblige à se défendre avec ses deux mains…

 

La rampe finie, nous arrivons à Tambo, petit village composé de quelques cahutes indiennes, semblables à toutes celles que nous verrons le long de notre voyage.

 

La machine souffle de nouveau car elle a encore une bonne rampe de 600 et quelques mètres à grimper.

 

Nous repartons bientôt et avons alors une vue superbe comme il n’en existe pas en Europe je crois et, à coté de laquelle, la ligne de La Mure semble un jouet d’enfant.

 

Pendant trois heures, nous allons grimper, apercevant, en dessous de nous, la ligne que nous venons de parcourir et, en haut de la montagne, celle où nous passerons.

 

Lors de certaines éclaircies, nous voyons la vallée de Tambo, une oasis au milieu de ces déserts, où, de loin en loin, surgissent les grandes cheminées des sucreries de cannes.

 

Pendant quelques temps encore, nous pourrons voir la mer et, à un dernier tournant, nous lui dirons définitivement "Adios".

 

Cependant, nous continuons à monter, la ligne suit pas à pas tous les replis du terrain, sans pont, ni viaduc, ni remblai ; les concessionnaires avaient une rétribution de tant de kms. par rail, aussi ils s’en sont payés et n’ont pas cherché à couper court.

 

Le terrain se prêtait ici à tous les allongements voulus car les montagnes que nous escaladons sont coupées de petits ravins et le chemin de fer n’en manque pas un ! La végétation est d’une beauté : des cailloux, des cailloux, toujours des cailloux ; de loin en loin, des cactus géants dans le genre "queue de rat" que vous avez dans le jardin, mais avec des tiges de 4 à 5 mètres de haut…

 

Toutefois, vers Carantala, nous voyons des héliotropes ; ne vous imaginez pas de petites plantes de jardin qu’on conserve précieusement dans les vases et qu’on rentre en hiver ; ici, c’est l’hiver et l’on voit des plantes, aussi grandes que les fusains de l’Ile Verte, couvertes de fleurs. Nous traversons donc, dans ces cas là, de "belles allées fleuries".

 

Ce sont, du reste, les seules fleurs et la dernière verdure que nous rencontrerons avant d’arriver à Arequipa.

 

Cachendo : trente minutes d’arrêt buffet. Nous en profitons pour manger les sandwiches et œufs que nous avions emportés de Mollendo, car ici on sert une espèce de "ratatouille" peu appétissante. Nous buvons aussi, car il s’agit de prendre des forces sérieuses, ayant 40 kms. désertiques à traverser, avec deux seuls arrêts.

 

A peine le train a-t-il quitté Cachendo que nous entrons dans le désert, une immense plaine parsemée de gros cailloux, crachés par un des 5 volcans qui entourent Arequipa  que nous apercevons dans le lointain.

 

En effet, de Cachendo a Arequipa, en ligne droite, si l’on avait percé un tunnel, c’était une affaire de trente kms., tandis que nous devons en faire presque 80, mais les concessionnaires n’en auraient pas eu pour leur argent…

 

Nous devons donc "avaler" 40 kms. de désert ! C’est charmant…, surtout avec la chaleur. Il ya au moins 50° mais c’est une chaleur sèche ; on ne peut pas transpirer. Tout le monde en profite pour dormir, car, lorsqu’on a vu un km…, on en a vu 40.

  

Pourtant, au loin on aperçoit d’immenses fleuves bordés d’arbres qui se reflètent dans l’eau. Ces fleuves sont formés de nombreuses rivières ; on se croirait dans une région très fertile, mais nous sommes en plein désert. Je ne connais pas l’explication scientifique de ce phénomène mais c’est superbe et je suppose que ce doit être terrible pour ceux qui se laissent tromper et ne trouver que des terres désertiques, là, où, quelques instants plus tôt, coulait une eau très claire et que les fleuves qu’ils voyaient reculaient à mesure qu’ils avançaient.

 

A la station de Vitor, fini le désert ! On descend se dégourdir les jambes et boire.

 

Nous en profitons pour parler français avec le patron du buffet, qui est… Belge et tout heureux, lui aussi, de parler notre langue.

 

Après Vitor, recommence l’escalade des montagnes qui doivent nous conduire à Arequipa. C’est une série ininterrompue de montagnes brulées par le soleil et les cendres des volcans.

 

Nous sommes ici en plein terrain volcanique. Les cendres forment des montagnes, les cailloux projetés par les volcans se trouvent partout, les laves, à certains endroits, montrent leurs coulées régulières comme la laine sur le dos des moutons.

 

C’est d’une beauté tragique.

 

Le train s’essouffle à gravir les pentes, montant toujours, revenant sur ses pas, se superposant jusqu’à 5 fois sur lui-même. On longe le précipice et l’on songe que si le volcan prenait la fantaisie de se réveiller et de se secouer un peu, nous irions faire une chute de 7 à 800 mètres…, pour nous engloutir dans une de ces immenses crevasses qui "sillonnent" la contrée et dans laquelle on disparaitrait sans laisser aucune trace. Mais le train roule quand même et, bientôt, à un détour de la voie, on aperçoit la vallée d’Arequipa.

 

C’est la première verdure que nous voyons depuis Tambo. Aussi, chacun se précipite pour regarder et, de fait, le spectacle est curieux de voir cette vallée située à environ 300 mètres en dessous de nous.

 

Au milieu coule une rivière et on distingue quelques villages, des arbres, des prés ; c’est un peu l’impression que l’on a du Drac, vu au passage "Larrivoire" (?). Ici, le spectacle est plus beau car la verdure ne pousse qu’à proximité de la rivière, plus loin ce ne sont que des pierres.

 

"Force et Pouvoir " de l’eau et on comprend que les indiens l’adoraient, puisqu’elle était, pour eux, synonyme de vie et de création.

 

Nous avançons toujours et, après avoir passé quelques stations sans importance, nous arrivons à Tingo ; c’est un petit village qui a pris de l’extension depuis que les européens y ont installé une usine (à vapeur) de tissus, dont les produits sont très connus et très appréciés. Après avoir quitté Tingo, on commence à mieux voir Arequipa, grande ville qui s’étend dans la vallée du même nom. Encore quelques tours de roues et nous voici arrivés.

 


2021 02 09

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… estabamos llegando a Mollendo...

 

 

 

El 21 de agosto de 1906 a las 8h.30 estábamos cerca de Mollendo, pero llegamos ahí solo a las 10 horas, sin saber ni siquiera si podríamos desembarcar.

 

Decidimos ir a comer. Como de costumbre, el mar estaba muy malo y cada uno pensaba que no podríamos poner pie en tierra!  El puerto de Mollendo tiene la fama de ser uno de los más peligrosos del Pacifico, sobre todo en invierno, como era el caso. Sucede a menudo que un día sobre tres no se pueda desembarcar nada allí. Hay a la entrada del puerto una quincena de Lanchas (barcos grandes anchos y bajos, cargados de arroz y de azúcar y que esperaban nuestra llegada desde hacía más de ocho días). Un velero estaba allí desde hacía más de dos semanas a la espera de un viento favorable para poder echar el ancla sin riesgo de estrellarse contra las rocas (Mollendo está construido sobre las rocas).

 

Para llegar al muelle, hay solo un canal entre dos roqueríos, separados de cerca de 20 metros que hay que atravesar de un solo salto si no se quiere romper algo! Aparte de estas dificultades naturales existía una mayor aún: el mar desatado que tenemos desde tantos días, que hace danzar estas pequeñas embarcaciones como juguetes de niños y nos hacen saltar a 4 o 5 metros de altura y caer luego en un hoyo. Les aseguro que esto no era nada de cómico. Ah! ese desembarco!... Frieda y yo conservaremos de él un recuerdo angustiante y terrible!

 

Después de la cena, gracias a la amabilidad de un francés que iba a Arequipa, contratamos a un fletero. Por un sol (2 francos, 50) por persona y por paquete él acepto llevarnos a tierra. Hasta aquí todo bien, pero lo más difícil era entrar en la barca.

 

29 de AGOSTO 1906: Me veo obligado de interrumpir mi carta; acabamos de tener una buena sacudida, nada grave, pero las puertas y los vidrios temblaban como hojas. Frieda despertó sobresaltada; la sacudida duró un buen minuto e iba en aumento. Ahora está calmado, pero sin embargo es tiempo de irse de este país! Los perros ladraban, las gentes se precipitaban en las calles. Nuestro vecino bajo como un loco al patio. (En La Paz, donde vamos, nunca hubo terremoto.)

  

Sí, es difícil bajar en la barca; sin embargo había que hacerlo de todas maneras, a pesar de todas las dificultades. Nos armamos de valor, cogiendo los paquetes…

 

Comencé a bajar la pasarela pero debí esperar unos instantes para poder saltar hasta el tonel. Lo conseguí con dificultad al igual que Frieda que estaba cerca de mí. Había confiado Jeannette a un marino, pues habría sido muy peligroso bajar con la pequeñita. Aún a dos manos, nos resultaba duro agarrarnos a la barandilla. El momento más inquietante fue cuando el marino que tenía a Jeanne, la confió a otro marino que estaba en la barca. Una ola llega que aleja la barca y Jeanne queda suspendida, felizmente en los brazos del marino. Todo el mundo lanza un grito de pavor, pues la niña se había caído y estaba en el mar! La barca se acerca y esta vez Jeanne embarcó sin problema. Pobre chiquita ¿se había dado cuenta del peligro? no se movía, no lloraba, mientras estaba "en el aire". Gritó después en los brazos de Frieda, pero duró poco, se consoló rápidamente y les sonrió a todos.

 

Un último adiós a aquellos que dejamos en el barco y partimos hacia Mollendo. Después de haber subido y bajado sobre las olas, franqueamos el paso difícil entre las rocas y llegamos por fin cerca del muelle.

 

Allí, otra dificultad nos esperaba: no había ni escaleras ni tonel, solo una simple silla "amarrada a una cuerda"! Una persona se instala sobre la silla y todos los que pueden amarrarse a la silla o a la cuerda lo hacen y se sigue camino. Allí fue Frieda quien se sentó con Jeanne en sus brazos. Yo me instalé delante de ellas aferrándome a la cuerda. Otros cinco pasajeros se pusieron en los costados.

 

Un silbido y nos vimos transportados entre el cielo y el mar. Se detiene la subida; la cuerda baja y estamos al fin sobre el muelle, sanos y salvos, pero con las piernas mojadas por una ola, último regalo del mar antes de dejarlo. 

 

Nuestro viaje por mar había terminado y ya era tiempo, pues se nos había hecho largo ver solo agua y más agua.

 

Después de haber desembarcado y pasado por la aduana, tuvimos suerte de encontrar un aduanero simpático, que se conformó con hacer abrir las maletas, sin desempacar.

 

Nos fuimos al hotel del Ferro-Carril para asearnos un poco (!) y descansar algo. Enseguida al banco, a buscar el dinero que empezaba a escasear en el monedero.

 

Después de una buena cena, nos fuimos a acostar, pero la noche no fue tan buena: aún teníamos la impresión de tambalearnos como en el barco, sobre todo que escuchábamos el ruido del mar estrellándose contra las rocas, ruido semejante al de un huracán en los árboles.

 

Además había algo más desagradable: las pulgas! ah! estos bichos; y según nos dijeron teníamos suerte de estar en inverno pues en verano era peor. A Frieda y a mí, casi nos devoraron y Jeannette casi no pudo dormir y al día siguiente estaba cubierta de ampollas.

 

Pensábamos poder partir rápidamente pero mi fusil fue confiscado en la aduana; nos vimos obligados a correr de un consulado al otro, hasta que gracias al gerente de la casa francesa BRAILLARD & C° de Arequipa, el Señor Comandante de a bordo quiso aceptar el remitir el fusil hasta Arequipa.

 

Solo pudimos partir al día siguiente y aprovechamos así de visitar la ciudad, que no tiene gran interés; las calles como "montañas rusas", la ciudad esta construida sobre rocas.

 

Después de una noche más o menos tan "buena" como la anterior tomamos el tren a las 9 h. para Arequipa.

 

El tren, durante unos 30 kms, sigue el borde del mar en medio de terrenos completamente desiertos, donde se ven diseminadas osamentas blanqueadas (de mulas, de corderos que se dejan a los pájaros para que los "limpien").

 

Luego la línea gira y empezamos a subir por lugares desérticos, lo que, por lo demás, será así hasta el final.

 

Veremos verde solo en los valles de Tambo y de Arequipa.

 

Terminaré mi carta allá, cuando mi espíritu esté más tranquilo; aquí hemos tenido apenas un minuto para nosotros y esta carta ha sido escrita día a día.

 

Mañana partimos a La Paz a las 7 h. de la mañana. De Arequipa a Puno: 12 h.; de Puno a Guyaqui: 15 h. sobre el lago Titicaca; de Guyaqui a La Paz: 5 h.; deberíamos estar en esta ciudad el sábado.

 

LA PAZ, 2 de sept. de 1906: Gran Hotel Guibert. Es desde la capital de Bolivia que estas líneas les llegarán a Uds.

 

Mi última carta estaba fechada en Arequipa, desde donde partimos el viernes 31 de agosto, a las 7 h. de la mañana, para llegar a La Paz el 2 de septiembre, después de un viaje, casi sin interrupciones, de 34 horas y media!

 

Yo había interrumpido mi correo cuando partíamos de Mollendo el jueves 23 de agosto, a las 8 h. de la mañana.

 

Les había contado que esta línea sigue el borde del mar durante casi 30 km., por unos confines desérticos. Antes de llegar a Mechia se divisan las plantas (intentos) de un Jardín Botánico que desgraciadamente no dió ningún resultado apreciable a causa de la sequía y del mal tiempo.

 

Después de Hansenada la maquina se pone a avanzar difícilmente, pues se trata de subir de una vez una rampa de unos 300 m. sobre una distancia de 9 kms, casi 3 metros por metro, y la máquina va echando un humo negro que obliga a cerrar las ventanas, lo que no está mal, pues así se evita a los mosquitos que se pegan a los vidrios. Sin embargo, algunos atacan igual al chófer del tren en la plataforma, lo que lo obliga a defenderse a dos manos…

  

Una vez subida la rampa llegamos a Tambo, pueblito compuesto de algunas chozas indias, iguales a las que veremos a lo largo de nuestro viaje.

 

La máquina se pone de nuevo a avanzar difícilmente, pues tiene que subir una buena rampa de 600 metros y tanto.

 

Pronto seguimos camino y tenemos una vista magnífica, como no existen en Europa creo, y al lado de la cual la línea de La Mure parece un juguete de niño.

 

Durante tres horas, vamos a subir, divisando, debajo de nosotros, la línea que acabamos de recorrer y, en lo alto de la montaña, aquella por donde pasaremos.

 

Cuando esclarece, vemos el valle de Tambo, un oasis en medio de estos desiertos, donde, de vez en cuando, surgen las grandes chimeneas de las azucareras de cañas.

 

Todavía y durante algún tiempo, podemos ver el mar y, en una última curva, le diremos definitivamente "Adiós".

 

Sin embargo continuamos subiendo, la línea sigue paso a paso todas las curvas del terreno, sin puente, ni viaducto, ni terraplén; los concesionarios tenían una retribución de tantos kms. por riel, por lo tanto aprovecharon de esta situación y no intentaron irse por lo corto.

 

El terreno se prestaba aquí a todos los alargamientos posibles, pues las montañas que estamos subiendo están cortadas de pequeñas quebradas y el ferrocarril no evita una! La vegetación es de belleza: piedras, piedras, siempre piedras; de vez en cuando, algunos cactus gigantes, del tipo "cola de ratón" de las que Uds. tienen en el jardín, pero con tallos de 4 a 5 metros de altura…

 

No obstante, cerca de Carantala, vemos heliotropos; no se imaginen esas pequeñas plantas de jardín que se cuidan de manera delicada en maceteros y que invernan; aquí es invierno y se ven plantas, tan grandes como los boneteros de l’Ile Verte, cubiertas de flores. Atravesamos por lo tanto, en tales casos "bellas avenidas florecidas".

 

Son, al final, las únicas flores y lo único verde que encontraremos antes de llegar a Arequipa.

 

Cachendo: treinta minutos de espera. Aprovechamos para comer los sándwiches y los huevos que traíamos de Mollendo, porque lo que proponen aquí es poco apetitoso. Bebemos también, porque se trata de adquirir fuerzas serias antes de atravesar 40 kms. de desierto, con solamente dos paradas.

 

Apenas el tren sale de Cachendo entramos en el desierto, un llano inmenso con piedras enormes tiradas, por uno de los 5 volcanes que rodean Arequipa que divisamos a lo lejos.

 

En efecto, de Cachendo a Arequipa, en línea recta, si hubieran abierto un túnel, tendríamos un trayecto de 30 km., en cambio tenemos que recorrer casi 80, pero los concesionarios habrian hecho menos beneficios…

 

Así es que tenemos que "tragarnos" 40 kms. de desierto! Una delicia…, sobre todo con el calor. Tenemos por lo menos 50°, pero es un calor seco; no podemos transpirar. Todo el mundo aprovecha de dormir, porque, cuando se ha visto un km…., se han visto 40.

 

Sin embargo, a lo lejos divisamos inmensos ríos bordeados de árboles que se reflejan en el agua. Estos ríos están formados por numerosos afluentes; uno podría creerse en una región muy fértil, pero estamos en pleno desierto. No conozco la explicación científica de este fenómeno pero es magnífico y supongo que debe ser terrible para aquellos que se dejan engañar y encuentran solamente tierras desérticas, allí, donde, minutos antes, corría un agua muy clara y que los ríos que veían retrocedían a medida que avanzaban.

 

En la estación de Vitor, terminado el desierto!  Bajamos para estirar las piernas y beber.

 

Aprovechamos para hablar en francés con el patrón de la fonda, que es… Belga y muy contento, el también, de hablar nuestra lengua.

  

Después de Vitor, recomienza la escalada de las montañas que deben conducirnos hasta Arequipa. Es una serie ininterrumpida de montañas quemadas por el sol y por las cenizas de los volcanes.

 

Nos encontramos aquí en pleno terreno volcánico. Las cenizas forman montañas, las piedras  proyectadas por los volcanes se encuentran por todas partes, las lavas, en ciertos lugares, muestran sus caídas regulares como la lana sobre la espalda de los corderos.

 

Es de una belleza trágica.

 

El tren sofoca subiendo las pendientes, sigue subiendo, volviendo sobre sus pasos, sobreponiéndose hasta 5 veces sobre si mismo. Bordeamos el precipicio, pensando que si al volcán le diera por despertarse y sacudirse un poco, haríamos una caída de 7 a 800 metros… para hundirnos en una de estas inmensas grietas que surcan esa comarca y en la que desapareceríamos sin dejar huellas. Pero el tren sigue camino a pesar de todo y, pronto, a una vuelta de la vía, divisamos el valle de Arequipa.

 

Es el primer verdor que vemos desde Tambo. Todo el mundo se precipita para mirar y en verdad que es un curioso espectáculo ver este valle situado a cerca de 300 metros debajo de nosotros.

 

Al medio corre un río y se puede distinguir algunos pueblos, árboles, praderas; es un poco la impresión que se tiene del Drac, visto desde el paso "Larrivoire" (?) Aquí el espectáculo es más bello porque el verdor solo crece cerca del río, más lejos solo son piedras.

 

"Fuerza y Poder" del agua y se comprende que los indios lo adoraban puesto que para ellos era sinónimo de vida y de creación.

 

Seguimos avanzando y después de haber pasado por algunas estaciones sin importancia, llegamos a Tingo; es un pequeño pueblito que ha ido creciendo desde que los europeos instalaron allí una fábrica (a vapor) de telas cuyos productos son muy conocidos y apreciados.Después de haber dejado Tingo comenzamos a ver mejor Arequipa, ciudad grande que se extiende por el valle del mismo nombre. Un poco más de camino y habremos llegado.

  

 




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